Le département médical de l’UEFA a publié récemment deux nouvelles études prospectives sur les pathologies traumatiques en club professionnel. La première concerne les blessures au membre supérieur (main, poignet et avant-bras) et la seconde traite de l’évolution de l’incidence des blessures depuis l’année 2000. Je vous rapporte également les conclusions d’une étude sur le RTP après les blessures les plus communes du footballeur, étude UEFA également, de 2020.
Peu d’articles sont consacrés à la pathologie du membre supérieur chez le footballeur professionnel, pourtant de l’ordre de 10 à 15% selon les études, avec des différences logiquement importantes entre gardiens de but et joueurs de champ. Entre 2001 et 2019, 120 équipes professionnels ont été suivies avec un nombre variable de saisons pour chacune (558 saisons au total) (1). Les temps d’exposition à l’entraînement et en match ainsi que la durée d’arrêt par blessure ont été retenus. Au total, 25462 blessures ont été enregistrées, dont 238 (0,9%) ont touché la main (71.4% ; n = 170), le poignet (16.8% ; n = 40) et l’avant-bras (11.8% ; n = 28), soit une incidence de 0,065 blessures pour 1000 heures d’exposition. La grande majorité de ces blessures sont traumatiques avec un début aigu (98.7% ; n = 235). Les fractures sont les plus fréquentes (58.8% ; n = 140), concernant le plus souvent les métacarpiens (25.2% ; n = 60) et les phalanges (10.1% ; n = 24). L’incidence est significativement plus élevée chez les gardiens de but (n = 115 ; 0.265 pour 1000 heures) comparée aux joueurs de champ (n = 123 injuries ; 0.038 pour 1000 heures). Les gardiens ont également une durée d’arrêt significativement plus longue que les joueurs de champ (23 ± 27 vs 15 ± 27 jours).
En conclusion, les blessures de la main, du poignet et de l’avant-bras représentent moins de 1% du temps d’arrêt lié à une blessure chez le footballeur professionnel. Les fractures constituent plus de la moitié de ces blessures. Les gardiens ont un risque 7 fois plus élevé que les joueurs de champ et une durée moyenne d’arrêt plus longue d’une semaine.
L’objectif de la seconde étude (2) est d’évaluer l’évolution des pathologies en termes de fréquence au cours de ces dernières années chez le footballeur professionnel. Ainsi, 3302 joueurs de 49 équipes (19 pays) ont été suivis par chaque staff médical pendant 19 saisons de 2000 à 2019. 11 820 blessures ont été répertoriées pendant 1 784 281 heures d’exposition. L’incidence des blessures a diminué progressivement pendant ces 19 années, d’environ 3% par saison, au cours des entraînements comme en matches. L’incidence des pathologies ligamentaires a diminué de 5% par saison aux entraînements et 4% en match, tandis que l’incidence des blessures musculaires est restée stable. Les récidives ont diminué de 5% par saison pendant les entraînements et les matches. La disponibilité des joueurs augmente de 0,7% par saison pour les entraînements et 0,2% pour les matches.
En conclusion, l’incidence des blessures (entraînement et match) diminue depuis près de 20 ans, les récidives diminuent et la disponibilité des joueurs pour l’entraînement et les matches augmente. Les raisons sont multiples. On pourrait citer l’évolution des règles du jeu, lesquelles protègent plus les joueurs ; les programmes de prévention mis en place dans les clubs qui portent leurs fruits ; une plus grande importance accordée au médical (nombre et qualité des thérapeutes, espace de soins, matériel) ; des effectifs de joueurs plus importants et donc un turn-over plus facile à mettre en place.
Enfin, l’UEFA a publié une étude en 2020 sur la date du RTP après les blessures les plus communes en football. Cette étude a été menée sur 16 années auprès de footballeurs professionnels de clubs participant aux coupes européennes. 15269 blessures dites « communes » ont été retenues sur les 22942 blessures enregistrées. La durée de l’arrêt est inférieure à 7 jours dans 42% des cas, se situe entre 7 et 28 jours dans 56% des cas et est supérieure à 28 jours dans 2% des cas. La durée d’absence est significativement plus longue (p<0,05) lors d’une récidive pour les pathologies suivantes : les tendinopathies d’Achille et des adducteurs et les lésions musculaires du mollet, des ischio-jambiers et du quadriceps (9).
- Andersson J, Bengtsson H, Waldén M, Karlsson J, Ekstrand J. Hand, Wrist, and Forearm Injuries in Male Professional Soccer Players: A Prospective Cohort Study of 558 Team-Seasons From 2001-2002 to 2018-2019. Orthop J Sports Med, 2021, 25.
- Ekstrand J, Spreco A, Bengtsson H, Bahr R. Injury rates decreased in men's professional football : an 18-year prospective cohort study of almost 12 000 injuries sustained during 1.8 million hours of play. Br J Sports Med, 2021, 5.
- Ekstrand J, Krutsch W, Spreco A, van Zoest W, Roberts C, Meyer T, Bengtsson H. Time before return to play for the most common injuries in professional football : a 16-year follow-up of the UEFA Elite Club Injury Study. Br J Sports Med,2020, 54, 421-426.