À l’entraînement le 2/04, après avoir frappé du pied droit alors qu’il est pur gaucher, Martin se réceptionne mal sur ce pied droit en varus et son genou part également en varus forcé. Il ressent un craquement net. La marche est rapidement possible ainsi que la course. Il reprend même la séance pendant 10 min, sans instabilité ni douleur importante. L’examen clinique ne retrouve aucune laxité antéro-postérieure ou latérale. La corde du LCL est bien repérée. La douleur siège en arrière de la tête de fibula. La manœuvre de rotation externe passive de jambe genou fléchi est douloureuse. La palpation du PAPE est douloureuse. Le testing musculo-tendineux est normal. Quelques heures après, pour les mêmes manœuvres, la douleur est plus exquise, toujours au niveau du PAPE. 

Le lendemain, l’IRM (voir clichés ci-dessous) retrouve une rupture du ligament poplité arqué avec un œdème qui diffuse vers le muscle poplité et la portion haute du soléaire. Un traitement fonctionnel est mis en route, sous anti-inflammatoire. On débute le protocole RICE. Des massages type MTP sont entrepris très rapidement. 

Le vélo est possible à J2 (15 min initialement sans résistance, le lendemain 3 fois 6 min en 15-15) et la course à J4 (footing 15 min initialement, puis 2 fois 15 min à 12/13 km.h-1 à J5). 

Après une journée de coupure, il court 3 fois 6 min en 15-15 à J7 et 4 fois 4 min (1000 m) à J8, tandis que le travail de proprioception est débuté dans l’axe. On associe un renforcement musculaire de cuisse et de mollet à un travail avec élastique en salle sur toutes les amplitudes de hanche et genou.

À J9 et J10, il effectue une séance individuelle avec les techniciens, à base d’appuis et de changements de direction, un travail avec ballon et accélérations pendant 40 min sur le terrain.

La reprise est décidée pour le lendemain, soit à J11 de la lésion.

La dernière douleur à disparaître est celle en rotation externe de jambe, pour les passes de l’intérieur du pied sur le terrain.

Quelle est la fréquence de cette pathologie en football ? Et quelle est la place de l’IRM dans la prise en charge de ce type de tableau clinique ?

Le PAPE se compose du LCL, du tendon du biceps, du muscle poplité et du ligament poplitéo-fibulaire (1).

Notre consultant orthopédiste nous dit que « la lésion du ligament poplité arqué est une pathologie créée par les radiologues, sous-entendu que, si l’on n’a pas l’IRM, on ne raisonne que sur l’examen clinique, c’est-à-dire : il existe ou non une laxité, si oui on discute la chirurgie, sinon on part sur un traitement orthopédique ou fonctionnel selon ses convictions ».

Sa fréquence est mal estimée en football, il faudrait sans doute faire des IRM plus systématiquement pour la déterminer.

Sans minimiser cette pathologie, elle ne nécessite donc rien d’autre qu’un traitement fonctionnel.

Devant ce type de pathologie, on aime bien parler de douleur-dépendance. Si c’est bien toléré ou peu douloureux, on peut autoriser le travail mécanique puisque le risque d’aggraver la lésion est faible. En revanche, il faut tout de même laisser du temps, sans doute quelques jours seulement, pour que le phénomène inflammatoire s’éteigne.

  1. Porrino J, Sharp JW, Ashimolowo T, Dunham G - An Update and Comprehensive Review of the Posterolateral Corner of the Knee. Radiol Clin North Am, 2018, 56, 935-951.