À l’échauffement d’un match au Portugal contre Porto le 24/11, Pierre-Alain ressent une douleur brutale dans le mollet droit. Il n’en parle qu’à la mi-temps, mais se sent capable de continuer. Il joue 70 minutes sans grand souci. Le testing dans le vestiaire est en faveur d’une petite souffrance du soléaire avec un testing également légèrement positif du long fléchisseur de l’hallux (LFH).
L’échographie du lendemain est normale.
En deux jours de repos et quelques soins locaux (massages, étirements, physiothérapie), les signes cliniques disparaissent. Ces douleurs surviennent dans un contexte de douleur plantaire chronique (aponévrosite plantaire ancienne), malgré le traitement le plus complet possible nous semble-t-il (SO, MTP, ondes de choc, détente de voûte plantaire, travail de la chaussure par notre podologue…), ce qui laisse à penser à une compensation musculaire.
Il rejoue 90 minutes le 27/11, 75 min le 30/11 et enfin 60 min le 4/12 avec une douleur qui augmente au cours du match, mais raisonnablement. L’échographie est toujours normale.
L’IRM du 5/12 (voir cliché ci-dessous) retrouve une lésion du LFH au 1/3 moyen avec une réaction œdémateuse du soléaire en regard. On décide de le mettre au repos pendant quelques jours pour pratiquer des soins locaux (massages, physiothérapie). L’entretien physique se fait dans la piscine initialement, puis sur vélo.
Le 9/12, alors sous indométacine 25 (3 fois par jour) pour son aponévrosite plantaire, il n’a plus de SF à la marche. Le testing du LFH est quasi normal et le mollet souple sur toute la hauteur. Il fait une séance individuelle de 45 min (échauffement, course longue type 15-15, puis appuis-accélération-ballon).
Le 10/12, à J17, il s’entraîne avec le groupe pour jouer 90 minutes le 11/12, 65 min le 14/12, 93 min le 18/12 et 79 min le 21/12.
Depuis cette date, il ne se plaint plus du mollet mais toujours un peu de l’aponévrosite plantaire.
À quoi sert le LFH chez le footballeur ? À quel délai de cicatrisation peut-on s’attendre chez le footballeur en cas de déchirure ?
Le LFH est important dans la propulsion puisque celle-ci intéresse surtout les 1er et 2e rayons. Il est également fléchisseur plantaire de cheville, mais largement accessoire par rapport au triceps sural.
Sa lésion est rare ou très rare chez le footballeur, ou alors sous-estimée (cliniquement, surtout). On retrouve plus souvent des épanchements dans la gaine du LFH à la cheville et au pied, souvent asymptomatiques, lorsque l’on fait des IRM pour d’autres pathologies.
Une étude rétrospective des images IRM a été réalisée chez 63 joueurs professionnels de la ligue de football australien (pas de série retrouvée auprès des footballeurs) ayant présenté une déchirure musculaire du mollet. Il en ressort que le soléaire est le muscle le plus souvent touché, 4 fois plus que le gastrocnémien. Si la lésion a touché d’autres muscles du mollet (tibial postérieur, long fibulaire), aucune atteinte du LFH n’est retrouvée dans cette étude, signifiant bien la rareté de cette lésion (1).
Son traitement n’a pas de spécificité par rapport à une lésion du soléaire. Les délais de cicatrisation n’ont rien de particulier.
En revanche, dans notre CC, on peut l’expliquer par cette aponévrosite plantaire qui a vraisemblablement entraîné une compensation en modifiant le griffé du pied à la course.
- Waterworth G, Wein S, Gorelik A, Rotstein AH. MRI assessment of calf injuries in Australian Football League players: findings that influence return to play. Skeletal Radiol, 2017, 46, 343-350.