Mickaël a dû stopper l'entraînement le 12/09 après avoir ressenti une douleur brutale au niveau des adducteurs droits, sur une frappe longue du pied droit. Le testing est positif sur la masse des adducteurs avec une contracture réflexe. L’échographie retrouve une petite image hyperéchogène sur la cloison centrale, d’allure ancienne. On met en route le protocole RICE pour 2 jours.
Le bilan est identique le lendemain, sans majoration de la gêne. L’IRM (voir clichés ci-dessous) retrouve une lésion du court adducteur de grade 1.
À J3, il n’y a pas de SF à la marche. L’examen clinique est encore légèrement positif. Le long adducteur est détendu. On ne note aucune évolution négative des images à l’échographie. On démarre le travail excentrique à la main, les massages profonds et le travail de mobilité, ainsi que le travail sur vélo pendant 30 min.
À J6, il n’y a plus de SF, l’examen clinique est normal. Le travail excentrique est poursuivi à la main. Les éducatifs de course sont faits en salle pendant 20 min, puis on débute la course sur le terrain à allure de footing pendant 30 min.
À J9, il n’y a pas de signes fonctionnels, l’examen clinique est normal. La séance individuelle de la veille s’est déroulée sans problème. La reprise est autorisée, sans frappes pendant les premières séances.
Le 24/09, à J12, il joue 94 minutes contre Bordeaux sans problème.
Sur une lésion du court adducteur, peut-on se permettre d’aller encore plus vite dans la reprise, sans risque d’aggravation ? Autrement dit, doit-on faire une différence dans la rééducation selon l’adducteur lésé ?
Dans une étude menée par l’UEFA sur 15 saisons (2001 à 2016, 47 clubs), 14 % des blessures sont situées au niveau du bassin et de la hanche. Plus de la moitié de celles-ci sont des lésions musculaires des adducteurs (63 %). On note une diminution significative de l’incidence au cours des années, de 2 % pour l’ensemble des pathologies de la hanche et du bassin, et de 3 % pour les lésions des muscles adducteurs (1).
La lésion du court adducteur est beaucoup moins fréquente que celle du long adducteur. Cela ne modifie en rien la prise en charge, si ce n’est que l’on a sans doute moins d’impact aux massages sur ce muscle profond.
Les délais moyens pour un adducteur grade 1 sont courts, de 5 à 7 jours pour certains collègues interrogés, plus courts en tout cas que pour une lésion de même grade aux ischio-jambiers ou au quadriceps. L’évolution en rééducation reste cependant toujours douleur-dépendante.
On a peu parlé du diagnostic différentiel, mais une douleur brutale à l’aine doit faire suspecter une lésion proximale du droit fémoral et une lésion du muscle psoas iliaque (2).
C’est typiquement le dossier où l’on aurait pu se passer d’une IRM et rester sur les images échographiques.
La frappe de balle ou le jeu aux pieds ne sont pas à négliger chez le gardien de but, mais peuvent se travailler en toute fin de réadaptation.
Le travail en salle avec élastiques est le plus adapté pour préparer au mieux le joueur à cet exercice.
- Werner J, Hägglund M, Ekstrand J, Waldén M. Hip and groin time-loss injuries decreased slightly but injury burden remained constant in men's professional football: the 15-year prospective UEFA Elite Club Injury Study. Br J Sports Med, 2019, 53, 539-546.
- Serner A, Tol JL, Jomaah N, Weir A, Whiteley R, Thorborg K, Robinson M, Hölmich P. Diagnosis of Acute Groin Injuries: A Prospective Study of 110 Athletes. Am J Sports Med, 2015, 43, 1857-1864.