Sans traumatisme direct, Sébastien ressent une douleur subaiguë du pied gauche en match à Sochaux le 18/12, match qu’il a pu finir. Le lendemain, la douleur est importante avec une grosse impotence fonctionnelle.

Le bilan radiographique standard (voir cliché ci-dessous) et le scanner sont en faveur d’une fracture de fatigue au niveau de la partie proximale de la diaphyse du 3e métatarsien. Il n’existe pas de risque d’instabilité. 

La marche est autorisée en fonction des douleurs. Il part en vacances auprès de sa famille pour 4 semaines. Un traitement par vitamine D (une dose de 100 000 UI par semaine) est débuté avant son départ. On voit avec notre podologue pour la confection de semelles orthopédiques (SO), essentiellement en soutien de voûte.

Le 12/01, la marche est possible sans douleur. On débute un traitement quotidien par électrostimulation et il fait un travail athlétique dans l’eau avec gilet. Les SO sont de nouveau adaptées maintenant que la marche est normale. 

Le 24/01, à 5 semaines, il n’y a plus de douleurs au niveau du 3e métatarsien, mais de nouvelles douleurs sous la tête des métatarsiens et la voûte plantaire. L’IRM retrouve une solution de continuité entre la base du 3e métatarsien et la diaphyse. On entame le travail athlétique sur vélo. Une dernière ampoule de 100 000 UI de vitamine D est prise le 25/01 (6 ampoules au total).

La course est reprise le 6/02 à 7 semaines (footing de 15 min, puis augmentation tous les jours de 5 min de la durée des footings, jusqu’à 30 min de course). La proprioception statique est débutée le 13 février. Le 17/02, il effectue 3 fois 8 min de 15-15 à 17 km.h-1. Le contrôle IRM du 18/02 conclut à une consolidation acquise. L’œdème sur le court fléchisseur plantaire est probablement lié aux massages de la voûte plantaire. On commence un travail de proprioception dynamique. 

Le 19/02, Sébastien dit boiter au réveil sur quelques pas. L’examen clinique reste normal. Après 2 jours de repos, on reprend le travail de course de type intermittent à haute intensité, puis la proprioception dynamique et les appuis/conduites de balle.  

Le 24/02, il fait une dernière séance individuelle avec un technicien. L’examen clinique est normal, la reprise est programmée le lendemain avec le groupe, 10 semaines après le diagnostic. Il rejoue son premier match le 10/03.

Quelle est la supplémentation de base idéale en vitamine D ? Les US ont-ils une réelle efficacité ? Quels sont les critères de reprise de la course ? 

Les fractures de fatigue restent peu fréquentes chez le footballeur. 

Les facteurs de risque sont classiquement la surcharge de travail et un trouble biomécanique du pied dans son chaussant. Un traumatisme direct peut parfois accélérer la survenue des symptômes.  

Des taux bas de 25(OH)vitamine D dans le sang (inférieurs à 30 ng/ml) sont aussi un facteur de risque (1), ce qui justifie le recours à un traitement préventif. Mais, là encore, il n’y a pas de consensus sur la supplémentation. 

Les fractures de fatigue sont surtout localisées aux métatarsiens. Les 2e et 3e sont souvent concernés, avec un risque faible de complication et, donc, un traitement simple (diminution de la charge de travail tout en autorisant la marche et correction du trouble statique). 

Au niveau de la métaphyse du 5e métatarsien, le pronostic est beaucoup plus à risque de récidive et le traitement nécessite souvent un recours à la chirurgie (2, 3). Certains font des injections de PRP avec perforation de la zone de fracture ou de pseudarthrose +/- injection de cellules souches issues de la moelle osseuse. Il s’ensuit une immobilisation de 5 semaines, une reprise de la course à 45 jours, pour une durée d’arrêt de la pratique sportive de 3 mois en tout. 

Dans notre cas, l’absence de risque d’instabilité règle le problème du recours à la chirurgie. 

Le diagnostic d’imagerie associe la radiographie standard et l’IRM s’il existe un doute. 

Le délai de consolidation est de 6 semaines. On est partis sur 7 semaines pour avoir une zone de confort.

La supplémentation en vitamine D est proposée à titre systématique et participe activement à la consolidation, selon un schéma mal évalué (une ampoule de 100 000 UI par semaine pendant 6 semaines) mais sans risque de surdosage.

Le déficit en vitamine D étant fréquent sous nos contrées (2/3 de la population selon les normes admises supérieures à 30 ng/ml), on propose une prise trimestrielle de vitamine D à nos joueurs pour prévenir le risque de fracture de fatigue, 200 000 UI par prise. Sébastien ne faisait pas partie de ce schéma lorsqu’il a contracté sa fracture de fatigue. Les préconisations internationales sont de l’ordre de 1500 à 2000 UI/jour (4). La prise trimestrielle nous assure l’observance du traitement. 

Le traitement à base d’électrostimulation est fait par acquis de conscience, sans qu’il ne soit validé scientifiquement de façon formelle. 

À partir du moment où la consolidation est acquise radiologiquement, on met en place une préparation athlétique et, par conséquent, des contraintes sur le pied sur une période de 3 à 4 semaines avant retour dans le groupe. Cela nous semble suffisant.

  1. Davey T, Lanham-New S, Shaw A, Hale B. Low serum 25-hydroxyvitamin D is associated with increased risk of stress fracture during Royal Marine recruit training. Osteoporos Int, 2016 Jan, 27(1), 171-179.
  2. Mandell J, Khurana B, Smith S. Stress fractures of the foot and ankle, part 1: biomechanics of bone and principles of imaging and treatment. Skeletal Radiol, 2017 Aug, 46(8), 1021-1029.
  3. Mandell J, Khurana B, Smith S. Stress fractures of the foot and ankle, part 2: site-specific etiology, imaging, and treatment, and differential diagnosis. Skeletal Radiol, 2017 Sep, 46(9), 1165-1186.
  4. Ogan D, Pritchett K. Vitamine D and the athlete: risks, recommendations and benefits. Nutrients, 2013, 5, 1856-1868.