En match à Dijon le 20/01, à la 10e minute, pied gauche au sol, Emil se fait une entorse du LCM du genou gauche. À la suite d’un contact à sa face externe, il ressent une décharge à la face interne du genou. Il continue, pensant que la gêne va disparaître. Devant un sentiment d’instabilité, il préfère sortir du terrain, 10 minutes plus tard. L’examen clinique retrouve une laxité interne genou fléchi à 30°, ancienne aux dires d’Emil (on vérifiera que c’était bien le cas sur notre examen de début de saison). La douleur à la palpation et à la MeT est surtout nette sur l’insertion distale et l’interligne. On démarre le protocole RICE dans le vestiaire, pour 4 jours. Il est immobilisé en attelle de Zimmer.

Le lendemain, la tolérance fonctionnelle est bonne, mais la douleur est vive dès l’ouverture du genou en valgus et/ou rotation externe. L’IRM (voir clichés ci-dessous) retrouve une rupture distale du faisceau profond ménisco-tibial et une rupture distale partielle étendue du faisceau superficiel du ligament collatéral médial (LCM). On annonce au joueur un délai de 3 semaines, et le club communique sur ce délai.

On propose une immobilisation d’une semaine en attelle de Zimmer puis avec un strapping, afin de protéger le compartiment interne. On pratique des soins locaux (massages, laser en alternance avec Game Ready), un entretien musculaire du quadriceps et des ischio-jambiers ainsi qu’un travail du haut du corps. 

À J5, la marche sans strapping s’effectue facilement, ainsi que la montée et la descente des escaliers. On commence le vélo et on intensifie le travail d’entretien du quadriceps et des ischio-jambiers. Emil quittera le centre d’entraînement avec un strapping, donc sans attelle.

À J8, le résultat fonctionnel est bon. La MeT du LCM est négative. La palpation est encore sensible sur tout le trajet du ligament. On ajoute le travail de proprioception et des éducatifs de course, on intensifie la charge sur le vélo (3 fois 8 min en 15-15), tout en continuant le renforcement musculaire de cuisse. Les soins locaux débutent et terminent la séance.

À J10, il n’existe plus de signes fonctionnels. L’examen clinique est normal. Emil reprend la course (2 fois 10 min), intensifie le travail de proprioception et celui de renforcement musculaire du membre inférieur (2 fois 10 répétitions sur les 4 faces).

On progresse ainsi jusqu’à J13, en salle et sur le terrain pour la course (4 fois 4 min à 13 km.h-1).

À J15, de retour d’une journée de repos, il prépare sa séance sur table avec le kiné, puis en salle avec des exercices de renforcement musculaire et de proprioception à haute intensité. Il court 2 fois 8 min de 15-15 (box to box), puis fait 12 fois 1’-1’ de travail dans un carré de 12 mètres par 12 mètres, à base de conduite de balle, de changements de direction, d’accélérations moyennes et de passes de l’intérieur du pied. 

À J16, à la demande de l’entraîneur, Emil est pris en charge par ses adjoints pour la fin du réentraînement. On prépare Emil sur table puis en salle pour la séance du préparateur physique et des techniciens. On convient qu’il ne pourra pas être prêt pour jouer à Sochaux le 8/02, donc on leur laisse viser la reprise dans le groupe pour l’entraînement du 11. On sera alors à J22.

Emil s’entraîne toute la semaine avec le groupe et sera sur le banc contre Reims le 16/02. Il rentrera en jeu à 5 minutes de la fin du match. Depuis lors, il n’est plus gêné.

Existe-t-il un délai type d’immobilisation en attelle à respecter impérativement dans les suites d’une entorse du ligament collatéral médian (LCM) ?

Plusieurs éléments nous ont laissé penser que le délai ne serait pas trop long : l’ancienneté de la laxité interne, le fait qu’il ait pu continuer à jouer en match pendant 10 minutes, même avec une gêne, et la bonne tolérance clinique le lendemain. Seule l’IRM a pu mettre un léger bémol à notre délai de base, sans conséquence finalement. On doit se rappeler que la clinique prime sur les images, de principe.

Le temps d’immobilisation, toujours très loin des 3 semaines préconisées dans les livres, suit une logique fonctionnelle. À J5, la marche est possible sans douleur, sans contention, et le phénomène inflammatoire s’est éteint. On propose donc la suppression de l’attelle. Et la littérature nous le confirme (1).

L’avis de notre consultant orthopédiste est très intéressant. Pour lui, force est de constater qu’on a eu raison de raccourcir les délais de port de l’attelle qui sont normalement de 3 semaines au minimum pour ce type de lésion. Emil n’aurait pu reprendre la compétition que 6 semaines après le traumatisme. D’autant plus que les désinsertions distales du LCM sont de moins bon pronostic que les désinsertions proximales qui sont, elles, beaucoup plus fréquentes. Le fait d’avoir aujourd’hui des IRM très tôt « aggrave » probablement le diagnostic et, donc, le pronostic. Il confirme également que l’examen clinique prime devant les examens complémentaires et que, si à l’examen on ne retrouve ni laxité ni douleur en regard du LCM, on est autorisé à proposer au patient un début de réathlétisation.

  1. Kim C, Chasse PM, Taylor DC. Return to Play After Medial Collateral Ligament Injury. Clin Sports Med, 2016, 35, 679-696.