En match contre Lyon à Gerland le 19/03, Emerson demande à sortir à la 30e minute pour une douleur dans la fesse droite. Il s’en plaint depuis quelques jours sans savoir comment elle est survenue – entre autres, aucun traumatisme n’est retenu par le joueur. Le testing dans le vestiaire est positif en flexion-rotation interne passive de hanche et abduction active contre résistance. À la palpation, la douleur est retrouvée dans le quart supéro-externe de la fesse.

L’échographie puis l’IRM du lendemain (voir cliché ci-dessous) retrouvent une lésion du moyen fessier (gluteus medius). On annonce un délai de 7 à 10 jours avant retour dans le groupe. 

Il reste au repos pendant 7 jours, sous anti-inflammatoires et vessie de glace.

Il reprend la course à J9, avec douleurs. Le testing reste positif sur le moyen fessier pendant toute la phase de reprise de la course.

L’échographie retrouve alors une petite image cicatricielle, hyperéchogène, stable dans le temps.

Le travail plus spécifique est débuté à J11, avec appuis ballon en complément du 15-15 et 10-20. 

Une dernière séance à J13 (jour de match à Angers) se passe sans problème.

Il reprend avec le groupe à J15, alors qu’il persiste une douleur à la palpation et contraction contre résistance en course externe.

Quelle est l’incidence de la lésion des fessiers en football ? Dans le cas d’une lésion d’un fessier, doit-on se fier à la non-douleur pour avancer et jusqu’où, comme on le ferait pour un autre groupe musculaire ?

Jusqu’à preuve du contraire, les muscles fessiers ne se déchirent pas. Ils peuvent se contracturer ou être le siège d’une enthésopathie pour le moyen fessier. De principe, ce ne sont que des lésions extrinsèques, donc le résultat de chocs directs.

Les suites sont clairement douleur-dépendantes, à savoir que si la tolérance clinique est bonne, il n’y a aucune contre-indication à laisser les joueurs sur le terrain dans le sens où il n’y a pas de risque d’aggravation.

Le délai avant retour dans le groupe fut plus long que celui annoncé, clairement le fait de la tolérance clinique propre à chacun.

Comme nous, un confrère rapporte des délais plus courts de retour sur le terrain. Avec tout de même, pour l’un d’entre eux, un début de calcification de l’hématome venant créer un conflit en regard du grand trochanter. Le joueur avait manqué un match, car il ne pouvait pas prendre un appui franc du côté lésé. Il n’avait alors repris normalement qu’à la suite d’un traitement par ondes de choc.

Les soins n’ont pas de grande spécificité, si ce n’est qu’on peut être amené à donner des antalgiques ou des anti-inflammatoires pour jouer, ce que l’on ne conseille pas pour un ischio-jambier ou un droit fémoral. On est plutôt à pratiquer des soins antalgiques et décontracturants que des soins vraiment cicatrisants.

À défaut de retrouver de la bibliographie sur les contusions du gluteus medius, je vous livre une étude de 2017 qui retrouve une relation significative entre une plus haute activation du moyen fessier à la course et le risque de lésion des ischio-jambiers (1). Sans avoir de réelle explication à fournir, les auteurs soulignent tout de même l’importance de prendre en compte la fonction des muscles lombo-pelviens dans la stratégie de prévention des déchirures des ischio-jambiers. 

  1. Franettovich Smith MM, Bonacci J, Mendis MD, Christie C, Rotstein A, Hides JA. Gluteus medius activation during running is a risk factor for season hamstring injuries in elite footballers. J Sci Med Sport, 2017, 20, 159-163.