À la 52e minute en championnat à Strasbourg le 22/08, Marvin se fait écraser le pied gauche. Il finit le match avec une douleur en regard du 5e orteil à chaque appui. À la fin du match, la douleur est élective sur la 1re phalange du 5e orteil, avec un léger hématome. On glace et on met le bord latéral du pied en décharge à la marche. 

Le lendemain, la radiographie (voir cliché ci-dessous) retrouve une fracture déplacée de P1 du 5e orteil. Après avis orthopédique, il est décidé de faire une syndactylie avec le 4e orteil, de donner un antalgique et un anti-inflammatoire et de s’accorder quelques jours sans contrainte sur la fracture avant de décider d’une reprise des entraînements. 

À J3, Marvin travaille sur vélo (3 fois 8 min de 15-15 à 250 watts). 

À J4, il travaille sur vélo (3 fois 6 min de 10-20 à 300 watts) et court 15 min. 

À J5, il fait deux blocs de 6 min en 15-15 (78 mètres) et 20 min d’appuis avec ballon en chaussures à crampons, pour finir par quelques frappes pied droit sans douleur.

À J6, il s’entraîne normalement avec le groupe et, le lendemain, il joue 90 minutes en championnat contre Saint-Étienne, « sans douleurs », nous dit-il.

Deux jours après, à l’entraînement, Marvin sent une vive douleur sur un appui. Le lendemain, la gêne est encore plus prononcée. On retrouve un œdème un peu plus marqué sur le 5e orteil, la palpation est franchement douloureuse. On allège le programme d’entraînement pendant quelques jours et on continue les soins locaux. 

Marvin prend part à l’entraînement à J-2 du déplacement à Amiens, avec de meilleures sensations. 

Il joue 62 minutes sans problème. 

On profite de la trêve internationale qui suit pour le mettre au repos (pas de ballon ni course, que du travail sur vélo). 

Il reprend l’entraînement 9 jours plus tard, sans douleurs.

À quoi sert le 5e orteil ? Est-ce la bonne pratique et quels sont les risques pris avec ce type de protocole ?

Le cinquième orteil n’a pas de fonction importante dans la propulsion. Par sa position, il sert à neutraliser la tête de M5. Si on devait l’enlever, il y aurait immédiatement un hyper-appui négatif sur la tête de M5.

Le seul problème avec une fracture simple de la P1 sans atteinte articulaire est la gestion de la douleur, plus encore dans un sport comme le football (chaussage, risque de choc direct avec le ballon ou l’adversaire).

Le meilleur traitement serait une orthèse siliconée, mais elle prend trop de place dans la chaussure. Le strapping à l’Omnifix permet une syndactylie efficace.

La gestion aurait été totalement différente si la fracture avait touché les autres orteils (1).

La parfaite consolidation n’a pas grand intérêt, une pseudarthrose n’aurait même pas de conséquence mécanique, raison pour laquelle le traitement fonctionnel est de mise.

Une infiltration de xylocaïne peut être utile pour permettre de jouer dans les meilleures conditions.

  1. Bica D, Sprouse RA, Armen J. Diagnosis and Management of Common Foot Fractures. Am Fam Physician. 2016, 93, 183-191.